Diamants
Jean-Baptiste Tavernier, diamantaire français du 17e siècle
Le premier des diamantaires : Tavernier, roi du négoce des pierres précieuses au 17e siècle
Jean-Baptiste Tavernier est un grand voyageur et pionnier français du commerce avec l’Inde au 17e siècle. De collectionneur à diamantaire, il a été précurseur des échanges commerciaux entre l’Europe et l’Asie. En effet, il effectuera six voyages au cours de sa vie et ses voyages correspondent aussi aux prémices de l’orientalisme en Europe.
Le commerce du diamant, base de la réussite des négoces de Tavernier
Quelles sont les origines de Tavernier ?
Jean-Baptiste Tavernier est né à Paris en 1605. Issu d’une famille de protestants d’Anvers où ils sont persécutés, son père, marchand de cartes géographiques d’Anvers se réfugie en France. Les gravures de son père lui donnent très tôt le goût des voyages. Entre 1618 et 1623, il est placé en apprentissage chez un bibliothécaire et devient maître libraire en 1623.
Le premier voyage de Tavernier à la découverte de l’Europe
A l’âge de 16 ans, il a déjà visité l’Angleterre, les Provinces-Unies (Pays-Bas) et l’Allemagne. Puis il visite la Hongrie et l’Italie, se mettant au service de différentes cours royales. Il fait son premier voyage à Constantinople au début des années 1630 pendant onze mois, avant de rejoindre l’Arménie. Il alla lors de ce premier voyage jusqu'à Ispahan avant de reprendre la route du retour par Bagdad, Alep, Malte et l'Italie, puis rentre à Paris en 1633.
Tavernier et le négoce de bijoux et de diamants
Tavernier est un grand collectionneur de meubles, de soieries, de perles… Il apprend à devenir négociant au fur et à mesure de ses nombreux voyages et grâce à ses connaissances sur les cours des monnaies de l’époque. Tavernier ne fonde pas tout son commerce sur le négoce de biens précieux, il est également investisseur et joue sur les échanges entre monnaies et créances pour se faire connaître et gagner sa vie. Il prépare chaque voyage de façon très méticuleuse, en rassemblant de nombreux biens français (bijoux, montres…). En effet au 17e siècle la possession de montres est un privilège aristocratique. Il s’adresse directement aux plus grands pour son négoce, ce qui rend son commerce très ambitieux dès le début. Pour l’anecdote, afin de pallier au manque de sécurité, il offrait des cadeaux aux plus puissants lorsqu’il se déplaçait afin de bénéficier de leur protection lors de la traversée de leurs contrées. Les pierres viennent d’Inde et il les fait monter et sertir en France, pour les revendre en Asie. Il faut savoir que l’Inde du 8e siècle avant JC jusqu’au 18e siècle est la seule source d’extraction de diamants, notamment avec les mines de Golconde. De plus, les termes de joaillier et d’orfèvre n’avaient pas la même signification : au 17ème siècle le joaillier est celui qui vend les bijoux tandis que l’orfèvre est celui qui fabrique le bijou.
L’apparition des diamants dans l’art au 17ème siècle
Le commerce entre l’Europe et les Indes se développe et se « démocratise » au 17ème siècle. Peu à peu dans la fabrication des bijoux, le métal s’efface au profit des gemmes dont on multiplie et optimise les tailles. Il devient alors intéressant de découvrir les innovations techniques sur comment tailler un diamant en différentes facettes afin d’optimiser sa brillance. Grâce aux récits de Tavernier, nous savons que la technique du polissage en facettes était bien connue au 16e et au 17e siècles, tant en Europe qu’en Inde, où l’on utilisait plus ou moins la même technique : après le clivage et la taille, on recouvrait la pierre de facettes pour cacher ses « défauts ». Si les diamants n’avaient pas de défauts, ils donnaient un coup de roulette dessus et dessous, sans s’attarder à leur donner une forme, de crainte de réduire le poids en carat du diamant.
Le diamant bleu de Louis XIV
En 1668, Tavernier revint de son sixième voyage en Inde avec une formidable cargaison d’objets précieux, de bijoux, de perles et de 1083 diamants. Louis XIV, le Roi de France, lui acheta le tout pour la somme de 900 000 livres. Parmi cette cargaison se trouvait un gros diamant bleu d’une couleur remarquable « Le Bleu de France » ou encore « Bleu de Tavernier » qui deviendra le diamant bleu de la couronne de France. Louis XIV le fit tailler par Jean Pittan et l’inclut dans l’insigne de l’Ordre de la Toison d’Or. Il reste le plus gros diamant bleu jamais découvert à ce jour, même après la découverte des importants gisements d’Afrique, de Sibérie, d’Australie, du Brésil ou du Canada.
Ironie de l’histoire : Pour l’anecdote, Tavernier n’estimait pas les diamants de couleur (encore moins le diamant bleu) et il valorisait principalement la qualité des diamants incolores.
De la notoriété à la postérité
Arrivé à un âge avancé et pensant en avoir terminé avec les voyages, Tavernier rendit public le récit de ses aventures. Au moment d’écrire ce livre, Tavernier avait déjà parcouru 240 000 km. Ainsi en 1676, parait « Les Six voyages de Jean-Baptiste Tavernier », un best-seller rassemblant de nombreuses notes d’itinéraires, de nombreux récits et descriptions, des informations telles que les monnaies en cours, les taux de change pratiqués et autres règles douanières et commerciales qui serviront de guide à d’autres négociants. Ses ouvrages ont également le mérite d’être clairs et de fournir des informations précises : grâce à ses voyages, ses récits et ses gravures, Tavernier nous offre un témoignage exceptionnel de l’histoire des mines de Golconde, de la taille indienne au 17ème siècle et des joyaux de la couronne française sous Louis XIV.
Le dernier voyage du diamantaire Tavernier
Tavernier aura fait six voyages au total dans sa vie. Ce fut un voyageur passionné et infatigable. Très méticuleux encore à 80 ans, il note en amont du voyage toutes les dépenses prévues. En 1687, Tavernier quitte Paris pour l’Asie en voulant passer pour la première fois par la route de l’Europe du Nord puis la Russie. Il meurt en 1689, non loin de Moscou où il repose au cimetière protestant. Explorateur et pionnier, Jean-Baptiste Tavernier aura parcouru 250 000 km au cours de sa vie, en nous laissant une somme précieuse de connaissances à propos de l’Orient du 17ème siècle. Son souvenir aura marqué les esprits, en nous laissant des gravures des 20 plus gros diamants qu’il a ramenés des Indes, aux formes très étranges et atypiques.